La créativité n’est pas réservée aux artistes. Nul besoin d’avoir peint la Joconde, photographié un baiser ou composé la Bohème pour être qualifié de créatif. Même si la créativité est souvent liée à la créativité artistique (peindre, dessiner, photographier, danser, jouer d’un instrument, écrire, filmer, etc.), cette capacité peut s’exercer très simplement dans la vie quotidienne : en inventant un jeu avec un enfant, en cuisinant avec les seules réserves en stock dans le placard, en changeant d’itinéraire, en se maquillant, en assemblant de façon différente ses vêtements, en choisissant des plantations pour son jardin, etc.
Pour moi, la créativité est vraiment un ingrédient fondamental pour rendre la vie plus colorée, plus joyeuse, plus pleine, plus intense. Je veille particulièrement à la nourrir et à lui consacrer du temps dans mon quotidien. Et oui, car elle n’est pas innée et demande un peu de travail ou du moins de vigilance pour ne pas se laisser grignoter pas ses pires ennemis : monotonie, habitude et chemins balisés.
Comme il s’agit d’un sujet qui m’intéresse, deux amies me recommandent quasiment la même semaine la lecture du dernier ouvrage d’Elizabeth Gilbert, célèbre auteur du best-seller « Mange, prie, aime », intitulé « Comme par magie ». Une telle synchronicité ne pouvait que me pousser à me le procurer… et le lire ! Et je n’ai pas été déçue. Je me suis retrouvée dans tout le livre car les conseils prodigués sont largement le reflet de ce que je pense personnellement du sujet. Ici, il n’est pas question de voyage initiatique de femme (quoique !) mais de ses retours d’expérience pour explorer et alimenter sa créativité, gage d’une vie plus riche. Je vous les confie.
Le courage de créer
Tout d’abord, vivre sa créativité exige du courage, celui d’affronter ses peurs et toutes les petites voix qui émettent des opinions négatives sur un projet créatif telles que « je n’ai pas de talent », « à quoi cela va servir ? », « qu’est-ce que les autres vont en penser ? ». Le premier pas consiste à écouter ses peurs, ne surtout pas les ignorer, et ce, pour pouvoir les dépasser. Plus on les reconnait, plus elles ne prennent -que- leur place. Et c’est là, qu’enfin, il est possible de s’autoriser à se revendiquer comme une personne créative.
Le premier pas pour s’engager dans une démarche créative est donc d’identifier ce qui nous empêche de créer.
La magie de créer
Elisabeth Gilbert assimile la créativité à de la magie et la symbolise par de petites boules d’énergie qui cherchent un humain pour se réaliser. Avoir de la créativité nécessite donc d’être dans un vrai état d’esprit d’accueil des idées nouvelles. Et elle affirme « il ne faut donc pas être un génie mais plutôt avoir un génie à ses côtés ». Dans tous les cas, l’auteur préconise de bien remercier l’univers pour toutes les idées créatives qui nous traversent l’esprit, même si on ne les met pas en application.
Mais ce qui va principalement différencier une personne créative d’une autre, c’est sa capacité à faire et à beaucoup travailler pour mettre à exécution son idée. N’avez-vous jamais remarqué que certaines personnes autour de vous réalisent des projets pour lesquels vous aviez eu la même idée ? Certes, vous avez eu l’idée, mais l’avez-vous fait ? Une idée représente 10 % d’un projet, 90 % consiste à se retrousser les manches et à la matérialiser. Là, tout de suite, il y a moins de monde quand il s’agit de passer à l’action.
Le second conseil pour être créatif est d’être dans une démarche d’ouverture d’esprit et, surtout, de mettre à exécution ses idées créatives.
Emotion et création
L’image de l’artiste maudit est très souvent associée à la créativité et suppose que, pour être créatif, il faut vivre des situations dramatiques, déchirantes, être dans un état de désespoir tel que seul l’art peut vous sauver en permettant d’exprimer votre désarroi et que ce dernier, transfiguré, constitue la source d’une œuvre majeure. C’est très attirant… sur le papier. Au contraire, pour Elisabeth Guibert, c’est en étant heureux que l’on arrive le plus souvent à être créatif. Cela s’est confirmé dans mon expérience personnelle, car c’est dans les moments où j’ai été la plus sereine et paisible dans ma vie que j’ai aussi le plus créé. Lorsque je suis chahutée et bouleversée, je n’arrive à rien. Je n’ai ni la vision, ni l’énergie, ni l’envie, de créer quoi que ce soit.
Mais si le bonheur est un contexte favorable à l’expression de la créativité, cela ne signifie pas que l’acte créatif ne soit composé que de moments joyeux. Certes, c’est une satisfaction d’exercer sa créativité mais c’est aussi un chemin jalonné de doutes et d’émotions plus dures et douloureuses. Il faut tous les accepter. Tous font partie de l’acte créatif : on doit les aimer comme un tout.
Conseil 3 : être heureux et accepter les moments de doute.
Le détachement du résultat
Le meilleur moyen pour que la créativité s’en aille est de lui demander de nous nourrir : c’est lui mettre une pression trop forte. Il existe des tas de façons autres que sa capacité à créer pour parvenir à payer son loyer. Donc, nul besoin de démissionner si son projet créatif est d’écrire un livre par exemple. Mais il faut lui donner de la place dans sa vie quotidienne, tôt le matin, en soirée ou le week-end. Par exemple, Philippe Delerm a longtemps conservé son métier d’enseignant et se levait plus tôt pour se consacrer à ses projets littéraires, en écrivant deux heures par jour.
Et c’est ici que l’on touche du doigt la principale fonction de la créativité, celle de nous rendre heureux. C’est l’acte de créer lui-même qui doit nous remplir de joie et non ce que l’on attend de lui : il faut vraiment parvenir à se détacher du succès ou du résultat. La vraie question est : est-ce que si vous étiez empêché d’exercer votre art jusqu’à la fin de votre vie, seriez-vous malheureux ?
Petit retour personnel : depuis toute petite, je suis amoureuse du piano, du son produit, de la beauté de l’instrument, du toucher, de la capacité à émettre des chants mélodieux. Et le compositeur qui me transporte vraiment, c’est Chopin. L’année dernière, j’ai donc choisi d’apprendre cette discipline… A 37 ans. Dire que je suis loin d’exécuter un quelconque morceau de Chopin n’est pas un euphémisme. Et je ne serai jamais une grande pianiste. Mais malgré cela, je suis profondément heureuse quand je me mets à mon piano. Et ce, même si le résultat n’est pas à la hauteur, les minutes quotidiennes que je consacre à la pratique de cet art me remplissent de joie.
Conseil n°4 : aimer son art pour le plaisir qu’il procure et non pour les résultats qu’il peut engendrer.
La curiosité
Pour nourrir sa créativité, il n’y a pas forcément de grand secret. Il suffit d’être curieux et ouvert sur le monde. Qu’est-ce qui vous intéresse en ce moment ? Chercher des réponses, lire, se documenter sur le sujet alimentera votre créativité. Quoi qu’il arrive, et même dans les périodes où l’on estime que sa créativité est en berne, il ne faut pas cesser de s’occuper et de fabriquer. Même des toutes petites choses, même éloignées de son art principal. Par exemple, j’ai eu une longue période de ma vie où je pratiquais l’aquarelle et le dessin, puis plus rien quelques années plus tard… L’envie reprenant, je me sentais tellement éloignée de cet art que je m’en sentais incapable. J’ai repris tout doucement contact avec le papier et les crayons en… coloriant. Oui, de beaux aplats de feutres dans un livre d’art-thérapie m’ont décoincé le crayon.
Conseil n°5 : être curieux de tout !
Alors, ces conseils sur la créativité vous parlent ? Vous inspirent ? Comment la créativité est présente dans votre vie au quotidien ? Qu’est-ce que vous mettez en place pour l’entretenir ?
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