Dans mon bullet journal, une page est consacrée à toutes les matières merveilleuses que je rêve d’apprendre : art-thérapie, bibiothérapie, stage d’écriture, process communication, design thinking, Reiki, Indesign, la Vidéo … Vous l’avez compris, ma liste est longue et ma soif d’apprentissage infinie. Mais jamais oh grand jamais, foi de Cécile, je n’avais prévu de consacrer du temps et de l’argent pendant mon été à un stage de récupération de points.

Mais vous le savez mieux que moi, la vie est coquine et nous joue des tours dont il faut savoir tirer un enseignement. Je me retrouve à passer deux jours en pleine canicule à effectuer un stage de récupération de points. Alors, j’ai vraiment eu besoin de partager mon expérience. Pour que tout cela ait un sens ;-).

J’avoue aussi que je l’ai cherché. Je suis tout le temps pressée : vite, arriver au bureau, vite aller chercher mon fils à l’école, vite ce rendez-vous, vite mon cours de gym … Si Bertrand Cantat n’avait pas eu la mauvaise idée de fracasser Marie Trintignant il y a tout juste 15 ans, je vous aurai chanté « un homme pressé ». Mais voilà. Je vais donc lui préférer Jean-Jacques et « Elle a fait un bébé toute seule » car je cours toute la journée, je cours de décembre en été.  De sorte que j’ai cette fâcheuse habitude à appuyer légèrement sur le champignon, jamais trop, mais à peine, un peu. Et ma nature rêveuse n’aidant pas, je ne prête guère attention aux radars et autres contrôles routiers … Qui eux n’oublient jamais de me remarquer et me délivrent du selfie gratuit à gogo, quoique inexploitable sur insta. Voici donc que je me retrouve en ce début d’été avec quatre petits points sur mon permis. Je ne vais pas vous expliquer que sans permis, c’est compliqué d’enseigner, de former, de rencontrer mes clients, de me rendre à des soirées réseau, d’emmener mon fils à l’école, de vivre ma vie de campagnarde qui aime quand même la ville. Je ne tire aucune fierté de cet état de fait. Je ne me positionne ni en victime (POURQUOI MOI !!!) ni en bourreau (mais c’est impensable tous ces radars et cette nouvelle réglementation à 80 km/heure, l’Etat nous étrangle mes chers). Voilà, c’est comme cela. Pas de polémique. Je n’ai qu’à faire attention.

Déjà, je tiens à saluer la sublime analyse webmarketing du persona « conducteur qui risque de perdre son permis » du site permisapoints.fr. J’ai reçu nombre de mails m’informant des risques encourus et de stages à disposition à proximité de mon domicile. Service client irréprochable avec une proposition de valeur inégalée : « retrouvez 4 points dès 24h00 après la fin du stage ». Ils ont dû tourner leur Business Model Canvas dans tous les sens avant de la trouver celle-là. Comment rester insensible à de telles sirènes ?

Je me suis donc inscrite à un stage pendant l’été, période la plus calme de l’année pour moi. Le jour J est là et le réveil programmé. Il sonne à l’heure dite, je me prépare et file tout droit vers ma formation salvatrice. Sauf que c’est moi. Et que je n’arrive jamais à l’heure nulle part. Je me rends compte que je vais être en retard. Et ma jolie belle-fille de me dire « tu ne vas quand même pas perdre des points … en allant à ton stage de récupération de points !». Elle a raison la pépète. Je roule tranquille et respecte toutes les limitations de vitesse et j’ai un bon quart d’heure de retard. Heureusement, ils sont malins de l‘autre côté. C’est vrai qu’ils s’adressent à l’élite délictuelle française. Donc, nous sommes convoqués à 8h15 pour ne commencer en réalité qu’à 8h30. J’arrive pile à l’heure sans l’avoir su d’avance. Ouf, mon stage sera validé malgré mon presque retard.

Je confesse que j’avais une grosse trouille en venant ici : j’avais effroyablement peur que l’on nous montre des images d’accidents sanguinolents et dramatiques (sachant que j’aurai rapidement tourné de l’œil) et qu’on nous fasse la leçon pendant deux jours (j’aurai vite été agacée). Première agréable surprise : deux formatrices nous présentent le programme et l’ensemble des thèmes qui vont être abordés sont, bien sûr, liés à la sécurité routière mais sous forme de groupe de travail, d’exercices et de questionnements. Je dis ouf et, en bonne formatrice, je dis bravo ! D’autant que l’inclusion n’a pas tardé.

En effet, on nous demande dès le départ nos motivations à être là : je crois rêver. Qu’est-ce qui pousserait une vingtaine de personnes à se rendre par 35 degrés dans une salle non climatisée d’une maison communale de la banlieue lyonnaise, entourée d’immeubles glauques ? La dynamique du groupe ? La richesse des enseignements ? J’ose un timide « et bien, pour récupérer nos points pardi ! » J’ai tapé dans le mille.

Nos animatrices nous invitent ensuite à nous présenter version alcoolique anonyme : qui sommes-nous ? Quel est notre comportement sur la route ? Quelle règle avons-nous du mal à respecter ?

Je découvre donc mes petits amis venus se former à mes côtés. Premier constat, sur la vingtaine des présents, nous ne sommes que trois femmes. La plupart des participants sont des hommes, commerciaux ou routiers, quadra et quinqua, qui ont un problème avec l’alcool ou la drogue, voire les deux. Pour certains, c’est un juge qui leur a demandé d’être là. Je fais peine avec ma dernière infraction et mes 86 km/heure au lieu de 80 sur la nationale. Je regrette ma robe d’été décolletée et trop courte. Je veux m’enfuir. Mais les 4 points qui m’attendent dans 48h00 me retiennent scotchée sur ma chaise. J’enfile mes lunettes et prends mon carnet de notes. Autant commencer ma petite étude anthropologique.

Je ne vais pas vous donner tous les détails de ces deux jours mais je vous ai sélectionné quelques perles. Parce que j’ai vécu un petit choc culturel.

Je suis en binôme avec Hervé. Lui, il n’a plus du tout de points sur son permis et profite du stage pour ne pas le perdre complètement. Nous devons réfléchir ensemble aux causes d’un accident et les classer par importance. Au hasard, je suggère la vitesse comme cause première. Grosse levée de boucliers en face, Hervé m’explique qu’il a toujours roulé très vite (80km en ville, 130 sur nationale et 180 sur l’autoroute) et qu’il ne craint rien car il est expérimenté, lui. D’ailleurs, il ne met pas la ceinture et cela l’a sauvé de deux accidents. « Je maîtrise, le problème, ce sont ceux qui n’ont pas l’habitude ». Et puis, « l’autoroute, c’est tellement dangereux qu’il vaut mieux rouler vite pour en sortir rapidement ». Raisonnement imparable !

C’est ce moment-là qu’a choisi Bernard pour éructer bruyamment. S’ensuit une séquence de rires gras et sonores.

Nos formatrices nous regroupent pour nous faire travailler sur l’évolution de la route des années 70 à aujourd’hui. Un participant évoque la multiplication des ronds-points, et même sur certains des feux. Un autre nous parle des lumières bleues aussi sur la route. Ah oui, j’oubliais, il y en a qui fument beaucoup. Visiblement, lui, il est sous acide. Il nous fait un sermon genre prêcheur aux yeux révulsés en nous disant que ce n’est pas la route qui tue, ce sont les chasseurs. « Il y a trop de chasseurs en France et ils vont tous nous trouer ». Lui, il est là parce que « les rétroviseurs des voitures d’en face le flashent ». Il veut nous faire préférer le rail … mais pas celui des trains !

On fait aussi des petits jeux de questions/réponses. « Devinez quelle est la partie du corps qui est la plus solide dans un accident ? » Je suggère le cœur. Oui, c’est cela. Mon voisin applaudit « dis-donc, tu as au moins bac +2 ». Oui, au moins … !

Un autre travail de groupe et il nous faut un rapporteur. Je suggère Bernard qui me répond gentiment « si tu veux que je répète, il faut d’abord que je pète ». Bernard rote et pète, rien ne l’arrête. Je me sens si seule !

Bon, je vais arrêter mes petites moqueries mais vous avez senti l’ambiance générale. Je vais quand même partager avec vous quelques informations, qui m’ont été très profitables d’entendre à nouveau.

  • Déjà et c’est statistique, dans tous les accidents, il y a une infraction. Qu’il s’agisse de l’alcool, la vitesse, la drogue, l’usage du téléphone portable, le non-respect de la signalétique, c’est l’infraction qui crée l’accident. Donc, il ne faut pas avoir peur de la sanction mais de l’accident.
  • Les femmes ont moins d’accidents que les hommes. Quand elles sont dans un accident, elles sont soit piétons soit passagères. Explication : elles prennent moins de risque (c’était ma minute théorie du genre).
  • Le taux d’alcoolémie maximum autorisé est de 0.5g/litre dans le sang. Cela correspond à une seule unité d’alcool (une bière de 25cl, un verre de vin de 10cl à 12 degrés, 6 cl d’apéritif à 18 degrés, 3 cl d’alcool à 40 degrés). Donc, on ne boit au maximum qu’un seul et unique verre ou on ne boit pas (si l’on conduit bien sûr !).
  • Une cause régulière d’accidents est la pression des pneus : il est donc recommandé de les vérifier tous les 1 000 km.
  • Le bluetooth est certes autorisé mais en cas d’accident entraînant un dommage de plus de 60 000 euros, une enquête sera ouverte. Et l’utilisation du téléphone même en bluetooth pourra permettre d’engager une responsabilité.

Bon, j’espère sinon vous avoir rappelé quelques règles élémentaires de sécurité routière vous avoir fait sourire ;-). Vivement l’an prochain, ah oui, on peut faire un stage par an, j’ai tellement hâte !

Et vous, vous avez déjà fait un stage de récupération de points ? Comment cela s’est-il passé ?

 

 

 

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