Le sel de la vie, c’est d’abord un ouvrage très court, écrit par Françoise Héritier, qui nous liste tous les petits plaisirs mais sources de grands bonheurs qui jalonnent son existence. Ces sensations simples et belles de tous les jours qui constituent finalement le véritable «sel de sa vie ». Quels sont tous ces indices sur le chemin de la joie et de la plénitude ? Comment s’inspirer de cette expérience pour soi-même ? Et vous, quel est le sel de votre vie ? Faites l’exercice !

L’auteur

Françoise Héritier est professeur honoraire au collège de France, où elle a dirigé le laboratoire d’anthropologie sociale. Elle a été directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et présidente du Conseil national du sida. Elle est l’auteur de Deux sœurs et leur mère et Masculin/Féminin. Elle nous a quittés en novembre 2017.

L’histoire

« Le sel de la vie » est suivi du sous-titre « Lettre à un ami ». L’ouvrage se présente comme la réponse à une carte postale, envoyée par un ami Professeur de médecine, et intitulée « une semaine volée en Ecosse ». Et l’auteur réagit :

« Une semaine volée me saute littéralement à la figure. Qui vole quoi ? Vole-t-il donc un peu de répit à un monde auquel il devrait tout ou au contraire ne se laisse-t-il pas déposséder de sa vie par cet entourage dévorant, ce travail obsédant, ces responsabilités multiples accablantes ? Nous lui volons sa vie. Il vole lui-même sa propre vie. J’ai alors commencé à lui répondre en ce sens : vous escamotez chaque jour ce qui fait le sel de la vie».

Afin de fournir des pistes, s’ensuit dans les pages suivantes une liste voire des listes des innombrables bonheurs simples qui jalonnent son existence et constituent le sel de sa propre vie :

« … j’ai oublié les fous rires, les coups de fils à bâtons rompus, les lettres manuscrites, les repas de famille (certains) ou entre amis, les bières au comptoir, les coups de rouge et les petits blancs, le café au soleil, la sieste à l’ombre, manger des huîtres en bord de mer ou des cerises sur l’arbre, les coups de gueule pour rire, l’entretien d’une collection (de pierres, de papillons, de boîtes, que sais-je ?), la béatitude des fraîches soirées d’automne, les couchers de soleil, être éveillé toute la nuit quand tout le monde dort, chercher à se remémorer les paroles de chansons d’autrefois, la recherche d’odeurs et de saveurs, lire en paix son journal, feuilleter des albums de photos, jouer avec son chat, construire une maison de fantaisie, mettre un beau couvert, tirer négligemment sur une cigarette, tenir son journal, danser (Ah ! Danser ! Sortir et faire la fête, aller au bal du 14 juillet, écouter le concert du nouvel an comme des millions d’autres français, se vautrer sur un canapé, flâner dans les rues en faisant du lèche-vitrines, essayer des chaussures, faire le pitre et des imitations, aller à la découverte dans une ville inconnue, jouer au foot puis au Scrabble ou aux dominos, faire des jeux de mots ou des calembours, raconter des calembredaines, préparer un plat compliqué, etc ».

Mon avis

J’ai choisi de faire l’acquisition de cet ouvrage après avoir lu une critique élogieuse dans un édito de François Busnel du magazine Lire. Surprenant et inattendu, ce livre est un éloge au plaisir des sens et des joies quotidiennes. Plaisant à lire comme à revivre des instants. Mais le principal intérêt réside pour moi dans le fait qu’il incite à faire de même. Je vous invite à tenter la même expérience en réalisant votre propre liste de ces petits riens qui constituent tout le sel de votre vie.

En tout cas, c’est le principal apport de cet ouvrage : me donner l’envie irrépressible de lister mon propre sel.

« Manger une pêche bien juteuse ou des lasagnes maison, réussir un plongeon,  regarder le visage de son enfant endormi, sentir dans son cou l’odeur du Mixa bébé, se trouver belle dans une nouvelle robe, rouge ou noire de préférence, pleurer en lisant un roman, rayer une chose faite de sa liste, tremper son corps chaud dans une eau fraîche, écouter les bruits sous l’eau, dormir dans des draps frais, réussir une recette, faire plaisir à ses convives, être invitée et remarquer les attentions de son hôte pour que l’on se sente bien chez lui, rire de soi, observer la lune, sentir le vent sur son corps, voir une fleur tout juste éclose, entrer dans une boutique et se sentir accueillie, fureter à la bibliothèque, ouvrir et sentir un vieux livre, prendre son panier en osier et aller au marché, écouter les bruissements du vent dans le palmier du voisin, organiser un dîner impromptu, entendre qu’on nous applaudit, trouver des merveilles pendant les soldes, faire rire l’assistance, perdre 3 kg et rentrer à nouveau dans son vêtement doudou, prendre une photo et la trouver juste exquise, reconnaître une forme dans un nuage, manquer à quelqu’un, se lover sous une couette devant la télé avec un thé fumant devant soi et des sablés de Retz, découvrir sur une carte son prochain itinéraire de vacances, sentir l’avion décoller, s’endormir dans le creux d’un bras, tomber de sommeil et se cacher sous la couverture lourde et moelleuse, avoir vraiment rendu service à quelqu’un, s’être sentie utile, faire la chandelle, être affamée et s’installer devant un bon repas, dresser une belle table et disposer ses verres en cristal, sentir la fraîcheur de la nuit, entendre des sauterelles et des grillons, enfiler des tongs, un short, un dos-nu, une robe à bretelles bref tout vêtement qui nous fait nous sentir immédiatement en vacances, s’émerveiller devant l’immensité des montagnes ou de l’océan, déguster un mojito sur une plage paradisiaque, pédaler à toute allure dans les chemins de la plaine, organiser une fête surprise, préparer un cadeau pour quelqu’un qu’on aime, rédiger un texto et rire de la réponse, déguster un verre de Chardonnay ou de Tariquet ou tout autre vin blanc légèrement liquoreux, s’allonger au soleil et somnoler dans une douce torpeur, se réveiller en ayant dormi de tout son saoul, diffuser « Paresse dans les vergers » dans son brûle parfum, peindre des bulles et des arabesques, sentir l’odeur de la terre après la pluie ou de la mousse dans le sous-bois, entendre la pluie tomber sur le toit, sentir ses pieds s’enfoncer dans le sable chaud, passer devant une machine à barbe à papa et humer les effluves sucrées, éclater de rire, rentrer dans une boutique dédiée aux beaux-arts et se laisser enivrer par l’odeur de térébenthine,… ».

N’hésitez pas à poster en commentaire vos listes de petits plaisirs du quotidien !

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