Je n’ai jamais été une grande admiratrice de Stephen King. Malgré quelques lectures, adolescente (Carrie et Charlie), ses livres ne m’attirent pas. Faute au genre : je n’accroche ni avec le fantastique ni avec le roman policier (j’ai essayé pourtant ! ).

Pourtant, je suis littéralement tombé sous le charme de « Mémoires d’un métier, écriture » dans lequel Stephen King nous livre ses recettes d’écrivain. Et s’il y a une qualité que je ne peux lui enlever, c’est bien de connaître les ficelles du métier, sachant tenir ses lecteurs en haleine jusqu’à la fin de ses livres et méritant amplement son titre de maître du suspense. Et comme un de mes sujets de prédilection est de comprendre ce qui pousse les gens à écrire et comment ils s’y prennent, cette lecture était du pain béni pour moi.

« Le but de l’écriture n’est pas de faire de l’argent, de devenir célèbre, de décrocher des rendez-vous, s’envoyer en l’air ou se faire des amis. Finalement, il s’agit d’enrichir les vies de ceux qui liront votre œuvre, et d’enrichir aussi votre propre vie… J’ai écrit pour la simple joie de la chose. Et si vous le faites pour la joie, vous pouvez le faire pour toujours. »

Il nous confie ses secrets sans prétention, en toute authenticité. Les voici donc :

Conseil n°1 : prendre l’écriture au sérieux

Le métier d’écrivain est un vrai travail qui demande du sérieux et de la rigueur. Ce n’est qu’à force de labeur et de persévérance que l’apprenti romancier obtiendra des résultats. « N’approchez pas la page blanche à la légère ». Croire qu’une inspiration magique ou divine permettrait d’écrire le roman du siècle est donc un leurre. Entre l’inné ou l’acquis, il a donc choisi…

« Si vous êtes un mauvais écrivain, personne ne pourra vous aider à devenir un bon écrivain, ni même un écrivain compétent. Si vous êtes bon, et voulez devenir grand, il faut beaucoup d’efforts et de sacrifices ».

Conseil n°2 : utiliser le vocabulaire que vous connaissez déjà

La boîte à outils de l’écrivain est d’abord composée de son vocabulaire. Et là, son conseil est sans appel : « Ne faites aucun effort conscient pour l’améliorer ». Bref, on écrit avec les mots que l’on connaît déjà, même s’ils sont simples. « Utilisez le premier mot qui vous vient à l’esprit s’il est approprié et expressif ». Cela tombe bien : aucune envie de se lancer dans l’apprentissage du dictionnaire…

« La bonne question à se poser n’est pas de savoir si les dialogues dans cette histoire emploient une langue recherchée ou vulgaire ; elle est de savoir s’ils sonnent juste à la lecture et à l’oreille ».

Conseil n°3 : choisir des constructions grammaticales simples

Là aussi, le mot d’ordre est la simplicité, en appliquant quelques règles :

  • Construire des phrases de type nom et verbe
  • Faire disparaître les pronoms et les adverbes
  • Eviter la voix passive.

« Ecrivez de telle manière que le lecteur saura comment votre personnage « dit », « fait »… »

Conseil n°4 : donner du rythme

Pour donner du rythme à son récit, Stefen King conseille d’utiliser des paragraphes : une phrase déterminant le sujet suivie de ses explications et commentaires.

« Bâtir un roman paragraphe après paragraphe à l’aide de votre vocabulaire et de vos connaissances grammaticales et stylistiques de base. »

Conseil n°5 : lire beaucoup et écrire tout autant

« Si vous voulez devenir écrivain, il y a avant tout deux choses que vous devez faire impérativement : lire beaucoup et beaucoup écrire ».

Stephen King confesse lire 70 à 80 livres par an et surtout des romans. Il consacre quatre à six heures par jour à la lecture et à l’écriture, principalement de 9h00 à 12h00. Il recommande une production journalière de 2 000 mots soit 10 pages, en essayant de commencer par 1 000 mots par jour.

Conseil n°6 : favoriser un environnement calme et stable

Stephen King écrit dans un lieu calme et fermé, son bureau, qu’il dédie à son activité d’écrivain.

Son secret : « Un organisme en bonne santé et une relation stable avec une femme autonome ». 

Conseil n°7 : dire la vérité

On se demande souvent d’où les écrivains tirent leur inspiration. Pour Stephen King, c’est très simple : de ce qu’ils connaissent. Nul besoin d’inventer des histoires abracadabrantes mais seulement de raconter ses propres expériences et pensées.

« Les acheteurs de livres désirent avant tout une bonne histoire à dévorer qui les fascinera au point qu‘ils auront envie de tourner chaque page jusqu’à la dernière. Ce qui se produit lorsqu’un lecteur entend clairement l’écho de ce qui est sa vie, de ce qui constitue ses croyances ».

« Ecrivez ce que vous avez envie d’écrire, insufflez-y de la vie et rendez votre texte unique en y mêlant ce que vous savez de l’existence, de l’amitié, des relations humaines, du sexe, du travail ».

Conseil n°8 : respecter les trois éléments du récit

« De mon point de vue, un roman, une histoire comporte trois éléments :

– la narration qui fait avancer le récit d’un point A au point B,
– la description chargée de créer une réalité sensorielle pour le lecteur,
– et les dialogues, qui donnent vie aux personnages à travers leurs échanges verbaux. »

Conseil n°9 : laisser reposer et … relire et faire relire

Une fois la première version écrite,

  • la laisser reposer au moins six semaines,
  • la relire pour voir « les trous les plus flagrants dans la trame de l’histoire ou dans l’élaboration des personnages »,
  • appliquer tous les conseils cités précédemment,
  • éliminer 10 % du texte en se tenant aux parties intéressantes,
  • et faire relire par un comité de lecture.

Conseil n°10 : et surtout, penser au lecteur

Ecrire en pensant à ses lecteurs. Y-a-t-il des passages qui vont les ennuyer ? Est-ce que tout est intéressant à lire ? Stephen King affirme que chaque romancier écrit en pensant à une seule personne. Réfléchissez donc à ce qui pourrait plaire à votre lecteur idéal et donnez-lui le meilleur de vous-même.

Maintenant, à vos plumes, enfin, claviers !

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